samedi 18 septembre 2010

Filtrage par DPI : le point de vue de la SCPP

Dans une interview à PC inpact, Marc Guez, le président de la Société Civile des Producteurs Phonographiques (SCPP) explicite le schéma de mise en place du filtrage par DPI en france.

Préambule : Le filtrage DPI (Deep Paquet Inspection) consiste à inspecter chaque paquet de données pour décider si le paquet est autorisé ou non à atteindre son destinataire

Etape 0 : Expérimenter le filtrage DPI sur un réseau local.

C'est ce qu'à réalisé la société société Vedicis, en Allemagne à la demande des ayants droits européens
Verdict : dixit M.G. :"Il y a plus de 99% des contenus qu’on veut protéger qui sont bloqués (...) C’est un système très efficace qui ne perturbe pas le trafic internet normal. C’est du filtrage du contenu donc cela laisse passer par contre tous les contenus qui ne sont pas dans la base de données".
Etape 0 : Bilan concluant , passage à l'étape suivante : Test en grandeur nature


Etape 1:  Passer à la vitesse supérieure

Pour ce faire, il faut inciter les FAI à entrer dans la danse car pour être efficient, le filtrage DPI doit être positionné au point d'entrée sur le réseau, autrement dit intégré à la box.

Pour que les FAI s'y soumettent deux approches sont possibles : la voie judiciaire ou le volontariat.

La voie judiciaire : M.G. : "Ce sont les accords de l’Élysée qui le prévoient. La loi permet, elle, d’imposer le filtrage par décision de justice. Mais notre approche aujourd’hui n’est pas une approche judiciaire." 
  
Visiblement la voie judiciaire a été écartée pour l'instant, la SCPP ne semble pas souhaiter voir des agents assermentés de l'état mettre le nez dans leur système de filtrage...

De plus les déboires de l'hadopi ont visiblement refroidi les ardeurs des lobbyistes vis à vis de la voie législative et judiciaire

M.G. : "On voit d’ailleurs les problèmes qu’à la Hadopi pour se déployer : cela prend du temps, c’est compliqué, il a eu des contentieux judiciaires, il y a encore eu le Conseil d ‘État ce matin, cela n’arrête pas."


Reste donc le volontariat: pour forcer la main aux FAI, il faut que la demande viennent de leurs clients.

C'est là qu'intervient l'Hadopi et ses logiciels de "sécurisation": poussé par la peur du gendarme, l'internaute lambda va réclamer à corps et à cris un logiciel Labellisé censé le protéger de toutes poursuites.
C'est à ce moment là que la société Vedicis arrivera tel Zorro pour proposer ces services à l'Hadopi et aux FAI.

M.G. : "C’est une approche de travail en collaboration avec les FAI notamment dans le cadre de la Hadopi, pour que les abonnés puissent sécuriser. Les fameuses mesures de sécurisation que la Hadopi devra labelliser, on pense que c’en est une" (...) "On travaillera d’abord avec la Hadopi. Les tests ont été faits en laboratoire. On a besoin maintenant d’un prototype actif avec une base de données très importante. C’est le travail qu’on va faire dans les prochains mois. Et puis, on va favoriser l’adoption volontaire de ce système, par les FAI à la demande de leurs clients."


Pour que le filtrage soit efficace et le test validant , il faut que la base de données soit exhaustive : ce qui, dans le cas de la SCPP, représente quelque chose comme un répertoire de plus de 2 millions de titres musicaux enregistrés et plus de 25 000 vidéomusiques ...

Là encore, le volontariat a l'avantage d'éviter que certains organismes comme la CNIL ne perturbent la bonne marche du projet.
M.G. : "Vous savez que la base TMG est plafonnée par la CNIL Il n’y a que 10 000 titres musicaux qui peuvent y être dedans. Chaque fois qu’on ajoute un titre, on en retire un, forcément. Une base de filtrage a vocation à être la plus large possible."


Reste maintenant à savoir qui va alimenter cette base de données et qui va décider de ce qui est licite ou non.

Là aussi; la SCPP a bien son idée là-dessus.

M.G. : "Tout ce qu’on fait dans cette histoire c’est de fournir une base de données de références" (...) "Nos agents assermentés font ce travail d’identification, car il faut une certaine expertise. Je ne dis pas que des brigades de gendarmerie ou de police ne peuvent pas l’acquérir, mais pour autant, ils n’ont pas la compétence très forte qu’ont nos agents assermentés

Autrement dit la SCPP ne tient pas du tout à ce que ce soit un organisme officiel qui juge du caractère légal ou illégal d'un paquet téléchargé. 



En résumé, les ayants-droits veulent donc mettre en place un système de filtrage du web en France dont ils auraient la maitrise pleine et entière et donc sans aucun contrôle du public !!


Dans cette logique de déploiement, il me semble discerner deux points durs.

Le premier est d'ordre technique : Il y a un monde entre un essai en boucle local et en grandeur nature sur le web, rien n'indique que le volume de transaction que vont devoir traiter les serveurs chargés du filtrage ne va pas entrainer un engorgement du réseau !

Le deuxième est d'ordre individuel : Les internautes sont-ils prêts à laisser des entreprises privées, consulter l'intégralité de leurs communication sur internet ?
Est-ce que vous seriez volontaire pour que La Poste ouvre tout votre courrier et tous vos colis pour décider de leur propre chef si ceux-ci peuvent être livrés à destination ? Franchement ? Vous seriez prêt à payer pour ça ?





Info butinée ICI

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